Après deux ans passés dans le peloton professionnel avec l’équipe de l’armée de Terre, Benoit Sinner porte les couleurs de l’Union Cycliste Nantes Atlantique (UCNA) cette saison en DN1. A 32 ans, l’ancien coureur du Team Peltrax-CSD a toujours faim de challenge !
« Faire gagner tout le monde »
Radiopeloton : Benoit,ce retour dans le peloton amateur marque-t-il la fin définitive de votre carrière professionnelle ?
Benoit Sinner : Certainement, il y a très peu de chances pour que je repasse pro. On ne sait jamais ce qui peut se passer, mais je n’y crois pas, d’autant plus que j’ai choisis de privilégier ma carrière militaire à ma carrière sportive. Ma signature à l’UCNA est plus dans l’optique de terminer sur une bonne note avant de tourner la page, de pouvoir m’amuser avant de raccrocher le vélo.
Radio peloton : Vous a-t-on poussé vers la sortie, ou est-ce un choix purement personnel ?
Benoit Sinner : Un peu des deux. Cela est arrivé plus vite que prévu. Il y a des limites d’age et d’ancienneté pour pouvoir évoluer dans l’armée, elles arrivent assez vite pour moi. On m’a laissé le choix de m’investir dans ma carrière militaire ou de rester sur le vélo. Mais on m’a aussi fait comprendre que si je choisissais le vélo, les perspectives d’évolutions dans ma carrière militaire seraient très limitées. J’ai donc fait le choix de ma carrière militaire. Je viens d’avoir 33 ans, j’ai 15 années de cyclisme à haut niveau derrière moi, je pense en avoir bien profité, mais maintenant, il est temps de voir plus loin que le vélo.
Radiopeloton : quel est votre meilleur souvenir chez les professionnels ?
Benoit Sinner : J’en ai plein, mais pas un en particulier. Je ne retiens pas que les moments sportifs, il y aussi les gens que j’ai rencontrés ou les joies collectives partagées avec les coéquipiers. Je n’ai pas fait du vélo forcément pour le résultat, ou le palmarès.
Radiopeloton : Avez vous des regrets ?
Benoit Sinner : Il vaut mieux éviter d’en avoir. Peut être que sur ma première partie de carrière j’aurais pu faire les choses différemment en saisissant plus souvent ma chance. J’ai toujours couru comme je le sentais, et au final, je n’ai pas toujours été récompensé de l’investissement que je mettais. Avec le recul, je me dis que j’aurais peut être du jouer plus souvent ma carte. Mais je ne regrette pas non plus d’avoir agit ainsi, c’est comme cela que j’aime courir. Il faut parfois savoir sacrifier ses ambitions personnelles pour l’équipe. Et je me suis vraiment éclaté durant ma deuxième partie carrière.
Radiopeloton : D’ autant plus que cette seconde partie de carrière n’était pas forcement prévue…
Benoit Sinner : Effectivement, j’avais dit à l’équipe (de l’armée de terre) que si je repassais pro ce serait uniquement avec eux. La continuité du projet me plaisait vraiment. On avait un bon groupe, avec un vrai esprit d’équipe, une vraie cohésion. C’était des amis plus que des collègues comme cela peut l’être dans le milieu professionnel.
Radiopeloton : Pourquoi avoir choisi l’UCNA ?
Benoit Sinner : C’était un des rares clubs où je me voyais signer si jamais ils me proposaient quelque chose. J’avais déjà rencontré Pascal Déramé et Sébastien Cottier (les directeurs sportifs de l’UCNA) à de nombreuses reprises pendant mes années amateurs. J’aime beaucoup les personnages, leur mentalité, leur façon de voir le vélo. Quand ils ont su que je quittais l’armée de terre, ils m’ont appelés pour savoir ce que j’allais faire. Je leur ai dit que je souhaitais privilégier ma carrière militaire. Ce qu’ils m’ont proposé me laisse l’opportunité de préparer mes objectifs militaires sans arrêter le vélo à un haut niveau.
Radiopeloton : justement, ce n’est pas trop compliqué de concilier la préparation à certains concours militaires et le cyclisme à haut niveau ?
Benoit Sinner : L’équipe attend tout de même de moi un minimum, donc il faut se préparer complètement pour la saison. Je garde dans un coin de ma tête que mon objectif premier, c’est ma carrière militaire. J’ai des examens sportifs à passer de fin mars à début avril. C’est une organisation très chargée. Mon emploi du temps n’est pas fait uniquement en fonction du vélo. Le matin je vais rouler. Comme je travaille avec le staff de l’équipe de l’armée de Terre, l’après midi je vais au bureau pour préparer la saison de l’équipe pro. Je dois ajouter à cela des séance de natation, de renforcement musculaire, de montée de corde, pour être prêt lors de mes examens. Avant j’avais l’habitude d’aller rouler le matin puis de me reposer l’après midi et je n’avais à penser qu’au vélo. Mais j’assume mon choix et pour le moment cela se passe bien. On verra ce que cela vaut quand les courses vont débuter
Radiopeloton : Votre saison commence le samedi 11 février avec le circuit des plages vendéennes, comment appréhendez vous les premières courses ?
Benoit Sinner : J’ai vraiment hâte, c’est une nouvelle aventure qui commence pour moi avec des nouveaux équipiers, une nouvelle équipe, un nouveau groupe. Je suis très motivé, mais j’ai eu un hiver un peu compliqué. Je ne me mets donc pas trop la pression pour les premières courses. Il y a aussi des jeunes dans l’équipe qui sont très motivés, qui sont déjà en forme et qui auront envie de bien faire les choses. Donc je suis plus confiant pour l’équipe que pour moi. Je ne m’affole pas car je sais que la saison est longue.
Radiopeloton : Est- ce que l’objectif est de rejouer les premiers rôles dans le cyclisme amateur ?
Benoit Sinner : Personnellement pas spécialement. Mais si l’équipe peut évoluer dans ce sens grâce à mon expérience, je serais comblé. Si je gagne trois ou quatre courses et que l’équipe en gagne vingt, mon boulot sera réussi. J’ai plus envie que l’UCNA devienne une tête d’affiche.
Radiopeloton : Quels sont les objectifs individuels et collectifs de la saison ?
Benoit Sinner : Au niveau de l’équipe, le fil rouge de l’année sera faire gagner tout le monde. Personnellement, je me fixe pas de limites ou d’objectifs particuliers. Après c’est sûr que je suis plus motivé par les coupes de France par exemple.
Radiopeloton : Quel sera votre rôle au sein de l’équipe durant la saison a venir ?
Benoit Sinner : On en a parlé avec Pascal et Sébastien. Je serais là pour essayer d’apporter des victoires, mais aussi pour encadrer les jeunes, leur apprendre le métier, leur montrer les erreurs qu’ils font pour éviter qu’ils les refassent. Je suis un peu le grand frère de l’équipe. Cela se passe aussi à coté du vélo, dans l’approche d’une course ou la gestion d’une saison. Il y a beaucoup de coureurs qui sortent tout juste de junior avec qui j’ai pas loin de 15 ans d’écart. C’est une équipe de jeunes qui me permet de rester jeune.
Propos recueillis par Erwann Franchon.
Photo : Gérard Briand.
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