Il a été l’une des révélations de la deuxième partie de saison cycliste hexagonale en 2024 ! A 19 ans, Elyes Plenel-Jobard franchit les étapes pas à pas. Après avoir débuté chez les access, le sociétaire du Paris Cycliste Olympique a marqué les esprits en remportant l’an passé le Grand Prix de Leval. Le protégé du président Christian Masola totalise déjà un podium en 2025.
«J’apprécie les courses bretonnes »
Radio Peloton : Elyes, vous êtes un pur produit du Paris Cycliste Olympique…
Elyes Plenel-Jobard : J’ai commencé le vélo un peu par hasard. J’étais assez attiré par l’esthétique et les valeurs de ce sport. J’ai pris ma licence au PCO et ne l’ai pas regretté. Après quelques courses, de nombreuses chutes et quelques résultats en début de saison 2023 l’équipe m’a engagé sur une Fédérale Junior, la Cantonale. J’ai réalisé un bon chrono et je finis troisième au général. C’est là qu’ils m’ont proposé de rejoindre l’équipe élite l’année suivante, d’abord en tant qu’open 1. Je trouvais ça complètement fou à l’époque !
Radio Peloton : Comment s’est déroulée votre intégration dans le groupe élite ?
Elyes Plenel-Jobard : Mon intégration s’est bien déroulée et je me suis retrouvé à faire presque exclusivement des courses nationales et les classe 2 au programme. J’ai appris à courir, l’aide des anciens du club et de Tanguy Turgis, alors nouveau directeur sportif, ont été d’une importance dans mon apprentissage. J’ajouterai aussi la rencontre avec Jason Oosthuizen qui m’a pris sous son aile à partir de l’intersaison et qui en plus d’être devenu mon coach, a aussi pris une place de mentor.
Radio Peloton : Quelle a été votre première impression des courses élites ?
Elyes Plenel-Jobard : En 2024, le fait de faire des courses d’un niveau relevé dès le début de l’année m’a permis de pendre de la caisse et l’élément dont je me sens peut-être le plus fier est d’avoir quand même pu réaliser une saison pleine et performante de bout en bout, juste interrompue par un virus fin septembre. Dans l’ensemble j’ai vraiment pu m’appuyer sur les ressources et l’aide de Paris, ils ont su me convaincre moi-même de mes capacités et me pousser plus loin !
Radio Peloton : Vous avez un peu la même trajectoire que Sam Maisonobe, passé dans les rangs access avant de rejoindre les open puis et aujourd’hui professionnel dans l’équipe Cofidis…
Elyes Plenel-Jobard : Il y a quand même un sacré cap entre les acces et les élites. Le fait de courir en équipe principalement, avoir des rôles définis, un plan de course, une stratégie, etc… J’aime beaucoup cet aspect structuré de la course et rouler ‘pour’ mes coéquipiers est vraiment ce qui m’a permis de passer un cap pendant la première partie de l’année. Également l’aspect sérieux dans la pratique, on laisse beaucoup moins de choses au hasard dans sa préparation ce qui est une philosophie qui me plait beaucoup également.
Radio Peloton : Le Grand Prix de Leval restera votre grand souvenir de 2024…
Elyes Plenel-Jobard : Ce n’était pas forcément une course taillée pour moi, un circuit relativement plat et exposé au vent. C’était un peu une surprise, mon DS m’a dit de contrer fort en fin de course et je suis sorti du groupe d’échappés. Franchement je ne m’y attendais pas mais c’était un soulagement énorme de passer la ligne en premier. J’avais déjà fait des places d’honneur mais la sensation qu’on a en levant les bras est juste dingue, on ne peut avoir aucun regret.
Radio Peloton : Vous avez déjà obtenu un podium cette saison…
Elyes Plenel-Jobard : C’est un bon signe, ça permet de s’assurer de la bonne direction que prend la saison et du travail accompli l’hiver. Le weekend de reprise n’a pas été top, j’ai été malade et dû enchainer sur la Coupe de France et le GP de Puyloubier qui sont des courses aux parcours vraiment escarpés. Ça a été agréable de pouvoir se rassurer le week-end suivant sur le circuit de la Vallée de la Loire avec une bonne performance puisque je fais le « jump » sur l’échappée dans le dernier tour de la course.
Radio Peloton : Avec l’idée de faire mieux en 2025 ?
Elyes Plenel-Jobard : Cette année j’ai tout simplement envie de confirmer les bons résultats de l’année passée. J’apprécie les courses bretonnes assez punchy. Sinon j’aimerais performer sur les quelques UCI classe 2 que l’on a au programme comme Flèche du Sud, l’Artois ou la Ronde de l’Isard sur laquelle je pourrais tester pour la première fois mes jambes en montagne. Ce serait aussi top pour mon club de pouvoir répondre présent sur des courses pareilles.
Radio Peloton : Vous avez effectué un stage avec l’équipe World Tour Cofidis au cours de la dernière intersaison…
Elyes-Plenel Jobard : Pour moi ce stage hivernal a été une occasion incroyable de percer un peu le ‘mur’ qui nous sépare du monde pro. Je crois que cela s’est très bien passé, ça a été une semaine assez exigeante avec beaucoup d’intensités mais rien d’insurmontable. On repart de là avec énormément de gratitude déjà et puis de la confiance et de la concentration pour la saison. J’imagine que tous les jeunes coureurs comme moi disent le même chose mais les moyens développés pour la performance des coureurs sont hyper impressionnants. Je dirais que ce passage éclair chez les pros m’a fait gagner en sérénité.
Radio Peloton : Quel type de coureurs êtes-vous ?
Elyes Plenel-Jobard : Je n’ai pas énormément de recul sur le type de coureur que je suis à proprement parler. J’aime les efforts courts et explosifs et surtout j’aime les courses usantes, où il faut aller chercher un supplément d’âme pour mettre la dernière attaque. Disons qu’en course je ne suis pas facile à lâcher mais mon point noir reste le sprint que j’aimerais pouvoir améliorer afin de régler des petits groupes en échappée.
Radio Peloton : Vous semblez à l’aise sur les parcours accidentés…
Elyes Plenel-Jobard :Oui, les course à bosses principalement. J’aime quand les efforts s’enchaînent, que l’écrémage se fait par l’arrière. Le weekend dernier au Circuit de la Vallée de la Loire c’était la première fois que je courais à nouveau un parcours que j’avais déjà fait donc quand je viens sur une course généralement c’est une découverte !J’ai vraiment envie de me tester en haute-montagne, on a malheureusement assez peu de courses de ce type au calendrier mais la Ronde de l’Isard sera un bon juge de paix cette année je pense.
Radio Peloton : Sur quel point mettez-vous également l’accent ?
Elyes Plenel-Jobard : J’essaye de davantage me focaliser sur ma préparation, mes entraînements, mon hygiène de vie que sur l’échéance à proprement parler. J’évite d’arriver avec beaucoup de pression sur une course, j’ai énormément de chance d’en être arrivé là si vite donc je profite !

Radio Peloton : Vous pouvez également compter sur la présence d’un staff expérimenté…
Elyes Plenel-Jobard : Tanguy Turgis et Gérard Valette m’accompagnent tous deux depuis une grosse année déjà, ils prenaient vraiment le temps de m’expliquer les choses au début, la façon de courir, le niveau en Élite . J’avais rencontré Tanguy au Championnat de France de l’Avenir à l’été 2023 avant qu’il rejoigne Paris. On s’est tout de suite très bien entendus. On entend souvent à propos de lui qu’il est proche de ses coureurs et c’est vrai, il sait mettre le collectif en confiance et insiste vraiment sur tirer le meilleur de chacun. De manière générale l’encadrement du club m’a toujours poussé et fait confiance, je me souviens de ma première Élite, puis de ma première Classe 2, puis de ma première course où l’équipe me laissait jouer ma carte à 100%. Vu de l’extérieur ces étapes se sont enchainées rapidement mais je pense qu’ils ont quand même veiller à respecter un certain processus.
Radio Peloton : L’effectif élite du Paris Cycliste Olympique a été pas mal bouleversé lors de la dernière intersaison….
Elyes Plenel-Jobard : On a accueilli davantage de coureurs hors IDF de très bon niveau, chacun apporte son expérience et son point de vue : Ludovic Morice a pas mal d’années en Élite derrière lui, Gregory Pouvrault est passé par Vendée U et Thomas Denis a même connu les Jeux Olympiques de Paris !Dès le stage de cohésion on sentait que l’ambiance allait être excellente, tout le monde est devenu très proche assez rapidement et à vrai dire ça déconne beaucoup. Je crois que notre moyen pour éviter le stress c’est surtout ça, on est tous sérieux et concentrés individuellement mais on se sert des moments ensemble pour évacuer la pression. Peu sont ceux qui habitent proches mais on a eu deux semaines de stage ensemble en Espagne dont on est sorti très soudés. Pour le moment on est classés troisième meilleure équipe française et on est déjà nombreux dans le collectif à avoir pu aller chercher des points donc que du bon !
Radio Peloton : Avant d’arriver au cyclisme de compétition, vous avez pratiqué d’autres sports…
Elyes Plenel -Jobard : Beaucoup de sports et de pratiques différentes ont compté pour moi avant d’arriver au vélo. Skate, tennis de table, handball, savate-boxe française, j’ai abandonné certains très vite comme la natation et d’autres m’ont duré quelques années. Le skate par exemple m’a vachement aidé à me forger une identité quand j’étais ado, la boxe, elle, m’a permis d’apprendre à répéter les efforts et à jouer avec sa limite quand on est à bloc, c’est peut-être le sport qui m’a le plus permis de découvrir mon corps. Dans l’ensemble, de près ou de loin, aucun ne ressemble vraiment au vélo. Le cyclisme a une place à part. Je n’ai jamais eu aussi mal que sur un vélo, jamais pris autant de plaisir qu’après une victoire.
Photo : Loïc Manceau.
Propos recueillis par Victor Grézaud.