A 27 ans, Julien Chaba (Antony Berny Cycliste) fait partie des jeunes qui s’investissent au sein de leur club avec la double casquette de coureur et d’encadrant des catégories de jeunes. Chaba participe également aux activités de son Comité Départemental en développant le cyclisme dans les jeunes catégories.
Radio Peloton : Julien pouvez-vous nous raconter votre parcours cycliste ?
J.C: J’ai commencé le cyclisme à huit ans. J’ai passé de nombreuses années à apparaître en fin de classement dans les catégories de jeunes. Il n’y a qu’en jeux d’adresse que je tirai, quelques fois, mon épingle du jeu. En 2008, c’est avec une belle équipe de coureurs minimes que j’entraînais que j’ai pu progresser. Suite à une erreur de classement, j’ai été automatiquement monté en 3e catégorie. J’ai changé deux fois de club, là où les projets semblaient cohérents et surtout où les relations sont respectueuses. Je suis retourné à l’Antony Berny Cycliste après être passé par Châtenay-Malabry pour participer au projet de développement du club. Personnellement, j’ai pu également modifier ma préparation physique pré-compétitive. Cela m’a permis d’être bien plus performant et de finir cette saison avec 185points en 3e catégorie et de nombreuses places d’honneur, malheureusement sans victoire.
Radio Peloton: Pourquoi avoir toujours couru pour des clubs des Hauts-de-Seine?
J.C: J’ai passé douze ans à l’Antony Berny Cycliste, ville où je réside. En tant que coureur, je n’ai jamais eu le niveau pour tenter de rejoindre des équipes d’échelon supérieur. Donc, pourquoi aller ailleurs ? Je préfère être actif dans un club plutôt qu’être consommateur. Par ailleurs encadrer l’école de vélo m’a amené à m’investir au sein du Comité Départemental depuis quelques années, d’abord en support puis en responsabilité. Depuis deux ans, je suis leur représentant à la Commission Régionale des jeunes et, depuis peu, responsable des jeunes au sein du CDC 92.
Radio Peloton : Qu’est ce qui fait votre profond attachement à ce département ?
J.C: Forcément, je suis attaché à ses structures et ses personnes que je connais depuis tout jeune. Je pense à William Bastit, René Perrono et sa femme Yvette, puis Robert Perboire (ancien président du CDC mais toujours impliqué), Lucien Bouniol… Tout comme quelques présidents et autres personnalités de clubs historiques, ce sont des personnes qui œuvrent encore beaucoup pour ce département. J’ai aussi connu Stéphane Izoré, qui fait un travail remarquable au pôle et Jérémie Fromonteil que j’ai eu la chance de côtoyer au sein de la structure départementale. Etant impliqué au sein des activités jeunes, il parait naturel de continuer leur travail en reprenant le flambeau avec l’équipe dirigeante départementale et développer ensemble les activités.
Radio Peloton : Qu’est ce qui vous a poussé à vouloir encadrer les jeunes catégories du club d’Antony ?
J.C: Chez les jeunes, l’ambiance y est excellente. En école de vélo, j’ai eu l’opportunité de pouvoir diriger l’équipe départementale qui est devenue cette année vainqueur des aiglons. Quand je parle d’équipe, j’inclus les coureurs, les dirigeants mais aussi les parents. Il s’agit d’un groupe au sein duquel les qualités de chacun sont mises à son profit, peu importe la couleur du maillot. De toute manière, il était bleu et blanc, couleurs du comité. Ce sont ces valeurs dont je souhaite continuer la propagation à des niveaux supérieurs. Et pratiquer notre passion dans ces conditions, quel plaisir ! Quand les coureurs se souviennent de toi quelques années après être partis à la découverte de d’autres activités ou que les très jeunes coureurs que t’as eu en sélection viennent te dire bonjour sur les courses, tu sais qu’à un moment donné tu leur as apporté quelque chose de positif. Et pour moi, c’est bien cela le principal.
Radio Peloton : Comment voyez-vous l’évolution des jeunes cyclistes?
J.C: Il y a deux types de profils : les coureurs cherchant à progresser vers le niveau élite, et les autres qui, à un moment, décideront de mettre le cyclisme de côté pour favoriser leur vie professionnelle et familiale. Pour les meilleurs, la constitution d’une filière d’excellence avec le pôle et une stratégie adéquate d’équipes fanions en Ile-de-France dans les différentes activités prennent forme mais mérite encore d’être développé. Je pense que l’ensemble des acteurs travaillent continuellement sur ce sujet d’amélioration de la stratégie de développement de cette filière.Les comités départementaux doivent au minimum coordonner avec les clubs voire organiser les activités entre Ecole de Vélo et espoirs pour assurer la continuité de formation et de progression de nos jeunes. Il me semble intéressant de se rapprocher de la structure régionale pour se coordonner avec elle et assurer une continuité stratégique. Enfin, l’autre stratégie majeure concerne les autres coureurs. Ceux qui, un jour, mettront en avant leur vie scolaire, professionnelle et familiale. Les activités doivent être une école de la vie complémentaire à la vie scolaire. Cela doit être aussi bouffé d’oxygène pour se détendre et être plus efficace pour se lancer dans la vie professionnelle. Cela n’empêche pas, par la suite, de continuer de pratiquer sa passion selon le temps disponible, en séries compétition ou pass’cyclisme. Voire d’encadrer ou d’arbitrer.
Radio Peloton: Pouvez-vous nous expliquer le projet du club d’Antony?
J.C: Le club est en reconstruction depuis deux ans après le départ d’une équipe dirigeante dont la stratégie sportive et associative a malheureusement été un échec. Bien qu’il y ait aujourd’hui de nombreux dirigeants à l’ensemble des postes, le club tend seulement à retrouver l’équilibre avant, je l’espère, d’entrer dans une phase de développement. De nombreux coureurs cadets montent chez les juniors. Pour redynamiser le club, l’équipe dirigeante a décidé de lancer la construction d’une équipe junior compétitive en 2017. Quelques coureurs à potentiel nous rejoignent mais la plupart manquent d’expérience. Mon rôle cette saison sera de leur apporter mon expérience sur le vélo.
Radio Peloton: Quelles sont vos ambitions personnelles en 3e catégorie maintenant ?
J.C: Cette saison, j’ai manqué de finition. J’aurai pu monter en 2e catégorie et surtout obtenir plusieurs podiums voire gagner. Dans cette continuité, il semble évident que j’ai la volonté de lever les bras et monter de catégorie. Je dois travailler la finition et sûrement corriger ma tactique de course car je suis très offensif et certainement trop généreux. Maintenant, cela dépendra aussi de ma disponibilité, entre mes activités professionnelles et mes actions au sein du Comité Départemental.
Radio Peloton: Pour quel motif pratiquez-vous le cyclo-cross?
J.C: Je le pratique comme préparation physique orientée. D’ailleurs ça se voit au classement ! (sourires). Je ne les fais pas à bloc, c’est évident. Mais cela améliore mon pilotage, renforce mon gainage, m’apprend à gérer mon effort, etc. Cela permet aussi de reprendre quelques bonnes habitudes après une longue coupure psychologique et physique.
Radio Peloton : Est-ce qu’un défi à la Michel Vanvynckt (EC Montgeron-Vigneux) de participer à toutes les disciplines du vélo pourrait vous tenter ?
J.C: Ce que fait Michel est top,il se fait plaisir sur beaucoup de disciplines complémentaires et obtient même quelques bons résultats à son niveau. C’est un vrai passionné ! Un moment, j’ai eu l’idée de participer aux championnats d’Ile-de-France route, cyclo-cross, piste, VTT et bmx. Mais pour être compétitif, cela demande de travailler non seulement la technique mais aussi le spécifique propre à chaque discipline. C’est un projet à part entière. On devine la gestion d’une saison de Pauline Ferrand-Prévost, dont Lilou Ledeme (coureur que j’entraîne) est fan, pour être performante en cyclo-cross, VTT et route. J’ai donc du mal à imaginer travailler la piste et le bmx, surtout avec un travail comme le mien en parallèle. Si l’opportunité se présente, alors pourquoi ne pas se lancer dans ce projet. Mais ce n’est pas d’actualité.
Radio Peloton : Quelle pourrait être la piste majeure pour attirer plus de cyclistes selon vous?
J.C: Je pense que faire découvrir le cyclisme sous une autre facette. L’idée est d’effacer les préjugés, éliminer son image du sport individualiste et donc mettre en avant ses valeurs collectives comme la solidarité. Quantitativement, développer le BMX peut permettre d’attirer de nombreux jeunes du fait de la dimension « extrême » de cette activité. Mais le potentiel de futures cyclistes traditionnels est faible. Le développement du cyclisme féminin peut être une bonne alternative. Aujourd’hui, leurs effectifs progressent aussi bien chez les jeunes que chez les adultes. L’enjeu principal consiste à les attirer dès les plus jeunes catégories puis de construire, avec elle, des filières adaptées à leurs propres qualités. Il semble évident que le calque actuel est adapté à la gestion de groupes qui se sont toujours voulus masculins. Passons ces préjugés et évoluons.
Photo : Gérard Briand.