Trialistes à l’autre bout du monde

Discipline consistant à franchir des obstacles naturels ou articifiels, le trial, née au début du XXe siècle au Royaume-Uni est une discipline dominée par les européens depuis la création du premier Championnat du Monde en 1995 remporté par Thierry Girard (France) à Kirchzarten (Allemagne). Les français ont d’ailleurs la part belle avec quatorze titres remportés sur dix-neuf possibles, dont les quatre derniers par Vincent Hermance en 2013 et Gilles Coustellier, à trois reprises.

our autant, cette discipline attire un public mondial, comme à Madagascar où du coté d’Antsirabe, une ville située à 185 kilomètres au sud de la capitale Antananarivo, une poignée de jeunes tente de faire découvrir la discipline à une grande partie de la population à travers des démonstrations officielles dans les grandes métropoles du pays ou un peu plus confidentiel, comme l’explique Samuel, l’un des meilleurs trialistes du pays qui pratique ce sport depuis l’age de six ans. « J’ai découvert le trial il y a six ans à travers les vidéos de Craig Lescott, c’est une discipline pour moi qui permet de repousser ses limites dans toutes les circonstances » confie ce jeune originaire d’Antsirabe, sponsorisé par la marque Freegun, spécialisée dans le domaine du streetwear qui pose les problématiques de ce sport dans un pays une fois et demi plus grand que la France. « On a l’impression de ne pas être écouté par la Fédération, pour eux, ce qu’on fait n’est pas du sport, alors qu’en Europe et même aux Etats-Unis, il y a une reconnaissance au moins. A Madagascar certaines personnes nous considèrent comme des fauteurs de trouble alors que notre seul délit est de pratiquer une discipline spectaculaire, c’est regrettable ». Le même constat est tiré pour les pratiquants de BMX ou de roller free ride également déconsidérés à Madagascar. « Les gens ne comprennent pas quelques fois que c’est un moyen pour nous de nous épanouir, dans un pays qui ne s’investit pas autant qu’il le devrait pour sa jeunesse » ne décolère pas un jeune pratiquant de BMX free ride.

C’est un peu le chat qui se mord la queue, Madagascar est en réalité un pays qui manque de moyens, financiers, mais aussi structurels. « Vous n’imaginez pas en France, la chance que vous avez d’avoir des pompes et des rustines, ici quand on crève c’est un peu le système D, alors lorsque l’on a une casse matérielle, c’est encore pire » rajoute Samuel.

Plusieurs solutions pourraient dès lors être envisagées, l’idée de complexes dédiés au vélo par exemple aux abords de grandes métropoles, la coopération avec certaines grandes fédérations internationales ou des marques installés dans le domaine du vélo qui auraient la volonté de s’investir dans des pays qui en ont besoin. L’idée d’un championnat national aussi de trial pourrait aussi germer. « Le rêve de beaucoup de malgaches serait un jour de représenter leur pays lors de grandes compétitions en France, entre le rêve et la réalité, il n’y a que quelques pas qui j’espère seront un jour franchis » raconte fataliste Samuel Andriamanantena.