Cela fait plus de quinze ans que Damien Charni écume les courses franciliennes ! A 27 ans, le coureur 3e catégorie du Paris Cycliste Olympique a vu évoluer son sport mais aussi les mentalités dans les pelotons de la région parisienne.
« Plus de réussite pour la seconde partie de saison »
Radio Peloton : Damien, Comment vois-tu l’évolution du cyclisme depuis tes débuts en compétition ?
Damien Charni : Je fais deux différences, le cyclisme professionnel et le cyclisme amateur. Du côté des professionnels je trouve qu’on a un cyclisme plus humain, plus offensif. Les français reviennent sur le devant de la scène international et ça fait plaisir. Lorsque j’ai commencé le vélo en 2004 on avait vraiment l’impression d’avoir un cyclisme à deux vitesses et les français étaient loin des meilleurs. Aujourd’hui les niveaux sont beaucoup plus homogènes.
Radio Peloton : Et chez les amateurs ?
Damien Charni : Au niveau amateur je constate qu’il y a de moins en moins de courses au calendrier. Je me souviens qu’à l’époque il y avait toujours deux ou trois courses “Régionale” (la 3ème Catégorie actuelle) en Ile-de-France et il y avait toujours une centaine de coureurs au départ. Aujourd’hui on se retrouve avec des week-ends sans une seule course 3ème catégorie en Ile-de-France, on est même obligés de fusionner les championnats 2ème catégorie et 3ème catégorie pour avoir assez de coureurs au départ. C’est assez contradictoire avec la nouvelle vague de pratiquants qui envahissent les pelotons depuis quelques années. Il n’y a qu’a voir le nombreux d’inscrits sur les grandes cyclosportives.
Radio Peloton : Quelle analyse portes-tu sur ton début de saison ?
Damien Charni : Je suis plutôt satisfait. Début avril 2016 j’ai été opéré d’une double fracture radius-cubitus du poignet gauche suite à une chute bête à Clamart. Suite à cela j’ai dû arrêter le vélo six mois et j’ai enchaîné sur un long voyage en Asie du Sud Est. C’était une superbe expérience ! J’ai repris le vélo en août 2017 après 16 mois sans vélo, c’était très dur. De septembre 2017 à février 2018 j’ai alterné vélo et athlétisme que j’ai pratiqué en compétition avec des Cross et des 10k sur route, ça m’a permit de travailler le cardio mais je manquais vraiment de force. Je pensais donc être vraiment dans le dur avec une reprise de l’entraînement spécifique vélo seulement fin février mais c’est revenu plus vite que prévu.
Radio Peloton : En effet, tu as collectionné les places d’honneurs …
Damien Charni : J’ai rapidement fait des top 10 en FSGT car il n’y avait pas de courses en 3ème catégorie en Ile-de-France. Mon mois de juin est plutôt réussi avec une 4ème place à Satory, une 7ème place à Sarcelles sur une course vraiment dure. Je pense monter en puissance et être au top en septembre.
Radio Peloton : Et toujours pas de gagne en 2018…
Damien Charni : Il me manque du temps. Avec le boulot c’est très compliqué de rouler. Je n’ai que 4 à 5 heures d’entraînement hebdomadaire. Je ne peux pas faire de longues sorties et je sens en fin de course que je suis un peu juste à cause de cela. Néanmoins je pense qu’en restant régulier et sérieux je devrais faire une bonne fin de saison et être au top pour 2019.
Radio Peloton : Plus globalement juges-tu de bonne facture le début d’année du PCO en 3e catégorie ?
Damien Charni : On a une équipe super homogène. Au départ d’une course on a toujours 3 ou 4 coureurs qui sont favoris et c’est un vrai avantage. On est régulièrement bien placés avec toujours deux coureurs dans les dix premiers mais il nous a manqué un peu de réussite pour l’emporter. Alexis Massard a fait 2ème à Rungis, Thomas De Pujo a connu le même résultat à Gurcy-le-Chatel et j’en passe. La cohésion est bonne et en gardant cette dynamique on devrait avoir plus de réussite pour la seconde partie de saison.
Radio Peloton : Justement, avec quelle motivation abordes-tu cette deuxième partie de saison ?
Damien Charni : Elle m’a toujours mieux réussie … Les coureurs qui ont fait un gros hiver et qui roulent beaucoup commencent généralement à fatiguer alors que pour moi c’est l’inverse. L’enchaînement des courses m’apporte le rythme et les kilomètres qui me manquent en début de saison. J’espère faire une belle course à Choisy-le-Roi avant de préparer l’Etape du Tour que je fais avec mes vieux amis Antoine Brunet, Thomas Buc et Alexis Massard. Je vais couper une semaine fin juillet et reprendre sérieusement en août pour être au top en septembre.
Radio Peloton : Quelles sont tes solutions pour attirer davantage de personnes vers la compétition cycliste ?
Damien Charni : C’est très compliqué comme question… Je pense qu’il faut surtout redynamiser l’image du vélo en général. L’acharnement médiatique qu’a vécu notre sport lui a fait perdre des fans et de l’intérêt. Le fait que des coureurs français puissent jouer la gagne sur de grandes courses et notamment sur le Tour de France est un vrai plus pour l’image du cyclisme. De nouveaux pratiquants participent également au renouveau du cyclisme : les cadres supérieurs qui se passionnent pour le vélo, les livreurs en fixies, les utilisateurs de vélo à assistance électrique. Depuis quelques temps je trouve que l’image du vélo a évolué dans le bon sens du terme, il faut profiter de cet engouement !
Photo : Gérard Briand.